Formation sur le dépistage de l’hypercholestérolémie familiale du 14 mai 2025
Formation organisée par la Direction de la santé pour les professionnels de santé, dans le cadre du déploiement du dépistage de l’hypercholestérolémie familiale au Luxembourg.
Intervenants
Experte : Dr De Beaufort Carine
Endocrinologue-Diabétologue Pédiatrique à la Kannerklinik (CHL)
Experte : Dr Becker Marianne
Endocrinologue-Diabétologue Pédiatrique à la Kannerklinik (CHL)
Les présentations de la formation sur le dépistage de l’hypercholestérolémie familiale sont téléchargeables ci-dessous.
FAQ
Thérapie ciblée : ce sont les statines pour bloquer l’exanthème proliférant ?
Les statines constituent la thérapie de référence pour la prise en charge de l’hypercholestérolémie familiale. Leur efficacité et leur sécurité sont bien établies depuis plus de 40 ans. Initialement, des inquiétudes existaient concernant d’éventuels effets indésirables, notamment des troubles pubertaires, des troubles de développement cérébral ou une élévation des CPK pouvant conduire à une rhabdomyolyse. Après 40 ans, les études ont clairement exclu des troubles pubertaires et des anomalies de développement cérébral. La rhabdomyolyse est heureusement très rare. Ainsi, un dépistage des CPK avant l’instauration du traitement, puis une mesure régulière après l’introduction est recommandée chez les enfants. Toutefois, les données internationales, notamment des Pays-Bas, montrent que cette complication est tellement exceptionnelle qu’un suivi systématique du CPK pendant le traitement n’est plus toujours pratiqué.
De nombreux traitements sont désormais disponibles pour la prise en charge de l’hypercholestérolémie, tant chez l’enfant que chez l’adulte.
Chez les enfants, en plus des statines, on peut recourir à l’Ezétimibes et aux inhibiteurs de PCSK9. Pour les adultes, d’autres options thérapeutiques sont accessibles, telles que l’Acide Bembédoïque et l’Inclisiran. Ces molécules ciblent différents mécanismes du métabolisme du LDL-cholestérol (le mauvais cholestérol). De nouveaux traitements sont également en cours de développement, notamment des approches génétiques.
L’Inclisiran, déjà approuvé chez l’adulte, agit au niveau de l’ARN interférent et présente l’avantage d’une administration semestrielle. Des études sont en cours sur des thérapies géniques, notamment une injection unique destinée aux formes homozygotes sévères, encore à un stade expérimental.
Les inhibiteurs de PCSK9 sont autorisés à partir de 12 ans chez les enfants atteints d’hypercholestérolémie familiale. Toutefois, dans les formes hétérozygotes, leur utilisation reste rare : l’association statines + Ezétimibes permet généralement d’atteindre les objectifs thérapeutiques, avec un LDL-cholestérol < 130 mg/dL.
Chez l’adulte, les cibles sont plus strictes. En cas d’hypercholestérolémie familiale, on vise un LDL-cholestérol < 70 mg/dL. Si des facteurs de risque cardiovasculaire majeurs sont présents, l’objectif est abaissé à < 55 mg/dL. L’ajout de traitements complémentaires est souvent nécessaire pour atteindre ces seuils
Chez la majorité des enfants, l’association statines + Ezétimibes suffit à atteindre les valeurs cibles.
Pourquoi avez-vous choisi le dépistage à partir de 18 mois et pas 24 mois par exemple ?
Le choix de débuter le dépistage de l’hypercholestérolémie familiale à partir de 18 mois résulte d’une réflexion approfondie. Plusieurs arguments doivent être pris en compte pour optimiser l’efficacité du dépistage et son acceptation par les familles.
L’étude pilote EARLIE, menée par le Dr Becker et le Dr de Beaufort, a ciblé tous les enfants fréquentant une école primaire dans la ville de Luxembourg. Le dépistage a été réalisé lors de la visite médicale scolaire, en l’absence des parents mais avec leur consentement écrit. Cette approche a permis de mettre en évidence l’intérêt de réaliser le dépistage en présence des parents, afin de pouvoir discuter immédiatement des résultats et, si nécessaire, proposer un rendez-vous de suivi.
Par ailleurs, à la réception de l’invitation, les familles disposeront d’un délai de 4 mois pour pouvoir prendre RDV. Les familles auront ainsi une période de réflexion au cours de laquelle elles pourront échanger avec le pédiatre de l’enfant ou le médecin de famille, pour obtenir davantage d’informations si elles le souhaitent. En effet, l’envoi de l’invitation aux 18 mois de l’enfant coïncide avec le 6ème examen médical préconisé entre 21 et 24 mois, au cours duquel familles auront l‘opportunité de questionner le pédiatre de l’enfant :
- en amont du dépistage pour recevoir davantage d’informations
- ou après le dépistage, pour demander une analyse approfondie des résultats.
Enfin, ce dépistage permet d’identifier précocement les formes homozygotes, rares (1/300 000) mais sévères, nécessitant un traitement médicamenteux dès le diagnostic pour prévenir la survenue précoce de maladies cardiovasculaires (dans les 20 premières années de leur vie).
Par ailleurs, la mise en place du dépistage à 18 mois offre la possibilité de mettre en œuvre un dépistage en cascade. Dès qu’un enfant est diagnostiqué avec une hypercholestérolémie familiale) un bilan lipidique pourra être proposé aux parents et à la fratrie. En effet, comme cette pathologie est autosomique dominante, l’un des parents est généralement également atteint. Grâce au dépistage précoce il est possible d’identifier les adultes à risque avant qu’un événement cardio-neurovasculaire ne survienne.
Est-ce possible uniquement pour les enfants résidants ou pour tous les enfants assurés à la CNS (par ex : les frontaliers) ?
Ce dépistage est proposé gratuitement à tous les enfants âgés de 18 mois. Les familles résidantes au Luxembourg recevront un courrier nominatif les invitant à prendre rendez-vous dans une des Maisons Médicales (dans un premier temps à Strassen ou à Esch-Belval puis courant 2026 à Ettelbruck). Les familles ne résidant pas au Luxembourg pourront également participer au dépistage mais devront en faire la demande sur MyGuichet.
Est-il possible de rattraper pour les enfants dont les parents entendent parler du dépistage et seraient intéressés ?
Les familles disposent d’un délai de 4 mois pour prendre rendez-vous dans une maison médicale. Ce délai vise à répartir les RDV sur toute l’année et ainsi éviter un afflux trop important d’enfants dans les maisons médicales, notamment en période hivernale.
Une fois ce délai dépassé, il ne sera plus possible de prendre rendez-vous pour le dépistage organisé.
Si le délai est dépassé ou si l’enfant ne correspond pas à la tranche d’âge prévue pour le dépistage, les parents peuvent néanmoins consulter leur pédiatre ou médecin généraliste afin d’obtenir une prescription pour un bilan sanguin incluant un profil lipidique.
Deux adresses électroniques sont mises à la disposition des familles et des professionnels de santé :
- depistage.hf@ms.etat.lu : pour répondre aux questions liées à l’organisation du dépistage,
- fhscreening@chl.lu : pour répondre aux questions liées avec la pathologie, les résultats du dépistage et la prise en charge.
Au-delà d’un régime pauvre en cholestérol, que doit-on recommander ?
Avant de recommander un régime pauvre en cholestérol, il est essentiel de rappeler l’importance d’une alimentation saine et équilibrée. Il convient de se méfier des produits présentés comme « sains » pour des raisons commerciales (ex. : margarine contenant de l’huile de palme).
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