Radioprotection des patients
Principes fondamentaux en radioprotection
Dans le domaine de la radioprotection des patients, il existe 2 principes fondamentaux:
- le principe de justification,
- le principe d’optimisation.
Principe de justification
Le médecin demandeur, celui qui demande un examen d'imagerie médicale, et le médecin réalisateur, celui qui le réalise, doivent s’assurer de la justification des actes.
L'utilisation des rayonnements ionisants sur les patients n'est jamais dépourvue de risques, même pour les très faibles doses. C’est pourquoi la demande et la réalisation d’examens d’imagerie médicale sont réservées aux médecins, et relèvent toujours de leur responsabilité.
Demandes justifiées par le médecin demandeur
Le médecin demandeur d’un acte d’imagerie médical essaye toujours de choisir l’examen le mieux adapté à son patient en fonction du contexte clinique.
Le « Guide de Bon Usage des examens d’imagerie médicale » (GBU), édité par la Société Française de Radiologie et la Société Française de Médecine Nucléaire, est un outil indispensable pour le médecin demandeur. Il aide le médecin à choisir l'examen le plus adapté à la pathologie explorée.
Le médecin demandeur n’est pas obligé d’appliquer strictement les recommandations de GBU, mais il doit essayer de s’y référer autant que possible.
La demande de l'examen doit se faire par écrit. La demande doit comporter des informations suffisantes pour justifier le choix de l’examen, notamment:
- la finalité de l’examen,
- des indications cliniques,
- d’éventuels examens déjà réalisés,
- une éventuelle grossesse.
Afin de faciliter le respect de la loi, les médecins demandeurs d’examens d’imagerie médicale sont invités à utiliser le formulaire de demande d’imagerie médicale.
Actes justifiés par le médecin réalisateur
Le médecin réalisateur doit vérifier si les demandes d’examens qu’il reçoit sont médicalement justifiées. Il doit les valider avant réalisation. Lorsqu’un médecin juge qu’un examen demandé n’est pas justifié, il peut le substituer par un autre examen.
Le médecin réalisateur doit prendre en compte:
- les recommandations du GBU concernant les critères de demande,
- les informations diagnostiques antérieures,
- la présence d'une éventuelle grossesse ou allaitement dans le cas de la médecine nucléaire,
- les techniques alternatives disponibles.
Tout acte d’imagerie médical qui utilise des rayonnements ionisants est réalisé sous la responsabilité d’un médecin. Sa réalisation technique peut être déléguée, uniquement à un assistant technique médical (ATM) de radiologie, toujours sous la responsabilité du médecin réalisateur.
Tout examen radiologique doit être justifié médicalement
On ne réalise pas d'examens radiologiques chez les personnes asymptomatiques sauf :
- en présence d’une justification individualisée et documentée suivant des recommandations de bonnes pratiques.
- dans le cadre et selon les conditions d’un programme national de dépistage médical. La mammographie est un examen pour dépistage de manière précoce du cancer du sein.
Au Luxembourg, il existe un « Programme Mammographie ».
Il s’adresse à toutes les femmes de 45 à 74 ans. On leur recommande de réaliser tous les 2 ans une mammographie gratuite pour dépister le cancer du sein. Ce programme national s’installe dans le cadre du “Programme Mammographie Européen”.
Des études scientifiques ont prouvé que le bénéfice de cet examen de dépistage est supérieur aux risques liés aux rayonnements ionisants. En effet, détecter un cancer plus tôt offre des bénéfices indéniables au patient.
Cet examen de dépistage permet:
- de trouver des cancers plus petits;
- de diminuer le nombre de biopsie mammaire,
- d’augmenter le nombre de cas où le sein est conservé,
- de réduire le nombre de décès liés au cancer du sein.
Principe d'optimisation
En d’autres termes, le niveau des expositions des patients aux rayonnements ionisants doit être maintenu au plus bas niveau que l’on peut raisonnablement atteindre, compte tenu de l’objectif médical recherché.
Ce principe découle d’un principe général de précaution: le principe « ALARA » qui signifie en anglais « As Low As Reasonably Achievable », et en français « Aussi faible qu'il soit raisonnablement possible d'atteindre».
L'Union Européenne et le Ministère de la Santé ont établi des niveaux de référence diagnostiques pour les examens d’imagerie médicale les plus courants. Ces niveaux de références ne constituent pas des limites de doses à ne jamais dépasser. Ils veillent à l’application du principe d’optimisation et au respect des bonnes pratiques.
Ces bonnes pratiques incluent:
- l’utilisation d’équipements appropriés,
- le contrôle régulier des équipements,
- l’utilisation correcte des équipements,
- l’évaluation des doses délivrées et de la qualité des images.
Principe de limitation de doses
Il existe un 3ème principe sur la limitation des doses. Ce principe s’applique aux travailleurs et le public, mais il ne s’applique pas aux patients.
Pour la radioprotection des patients, seuls les principes de justification et d’optimisation sont pris en compte.
En médecine, il est important que les doses d’exposition soient suffisantes pour que les examens et les thérapies atteignent les bénéfices recherchés pour la santé des patients.
Quant au personnel qui travaille en imagerie médicale ou en radiothérapie, il est important de ne pas dépasser une dose limite annuelle de 10 milli-Sievert. Il porte donc en permanence des appareils pour mesurer la dose d’exposition. Ces appareils de mesure sont des dosimètres.
Quant aux femmes enceintes, elles sont soumises à une limite de dose plus basse (1milli-Sievert). Il est toujours vivement recommandé de prévenir son employeur aussi rapidement que possible en cas de grossesse.
Points-clés en matière de radioprotection du patient
- Recommandations du Conseil Scientifique en matière de demande d’examens radiologiques (gbu).
- Autorisation de la pratique du radiodiagnostic à base de la formation en radiodiagnostic et en radioprotection.
- Formation continue en radioprotection.
- Autorisation des équipements radiologiques.
- Réception des équipements radiologiques par un expert en physique médicale et réception des salles radiologiques (aspects radioprotection personnel et tiers).
- Assurance-qualité périodique des équipements radiologiques.
- Protocoles écrits décrivant pour chaque équipement et chaque type d’examen la procédure de l’information et préparation du patient, des réglages techniques jusqu’au traitement de l’image radiologique.
- Audit clinique.
- Vérification des doses délivrées aux patients – respect des niveaux de référence diagnostique.
- Vérification des doses auxquelles le personnel a été exposé.
Publications
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National audit on the appropriateness of CT and MRI examinations in Luxembourg
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Audit de la conformité des prescriptions d'examens d'imagerie médicale: Volet B) Audit de la conformité aux bonnes pratiques
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Audit de la conformité des prescriptions d'examens d'imagerie médicale: Volet A) Audit de la conformité formelle
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Protocole d'audit de la conformité des prescriptions des examens d'imagerie médicale - Volet A) Audit de la conformité formelle
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