La photosensibilisation médicamenteuse

À l’approche de l’été et du temps ensoleillé, reviennent les incidents de photosensibilisation médicamenteuse. À cet effet, le Service de Pharmacovigilance de la Division de la Pharmacie et des Médicaments souhaite faire un rappel sur les types de photosensibilisation, leurs symptômes, les médicaments avec un potentiel photosensibilisant et les mesures à prendre pour les prévenir.  

La photosensibilisation médicamenteuse est un effet indésirable courant qui engendre une éruption cutanée après exposition à un rayonnement visible ou ultraviolet (principalement UVA, mais aussi UVB ) chez les patients ayant pris un médicament photosensibilisant topique ou systémique. On en distingue deux types : la réaction phototoxique et la réaction photoallergique.

Les deux types de réactions sont assez différents, tant en termes de mécanisme, symptômes ou dynamique, qu’en conséquences.

En particulier :

• Les réactions phototoxiques sont plus fréquentes que les réactions photoallergiques.
• Les traitements systémiques ont tendance à déclencher une phototoxicité, tandis que les produits topiques déclenchent généralement une photoallergie.
• Certains médicaments ne sont impliqués que dans un seul de ces deux types de réactions, d’autres peuvent l'être dans les deux types.

Réaction photoallergique (photoallergie)

• Elle se distingue par :
  • la nécessité d’une exposition préalable à l'agent photosensibilisant et apparaît comme une réaction d'hypersensibilité retardée,
  • une réaction qui peut être déclenchée avec une faible dose de médicament,
  • la possibilité de réactions croisées entre médicaments similaires d’un point de vue structure moléculaire.
• Les manifestations cliniques apparaissent quelques jours après l'exposition avec une dermite eczémateuse prurigineuse. 
• Contrairement à ce que l’on observe dans le cas de la phototoxicité, la réaction allergique peut également s’étendre à des zones couvertes non exposées au soleil.
• Les médicaments responsables d’une photoallergie sont généralement des traitements topiques. Parmi les agents photoallergènes courants figurent des désinfectants cutanés comme la chlorhexidine et l'hexachlorophène, et des AINS topiques comme le diclofénac et le kétoprofène. En outre, les filtres UV des lotions de protection solaire, en particulier l'oxybenzone, l'octocrylène, les cinnamates et les dérivés de l'acide para-aminobenzoïque sont également des photoallergènes courants (voir Tableau 1).

Réaction phototoxique (phototoxicité)

• Elle est caractérisée par :
  • l’apparition dès la première exposition à un photosensibilisant,
  • l’apparition quelques minutes ou heures après l'exposition au soleil et peut durer jusqu’à quelques jours,
  • la nécessité d'une concentration élevée de médicament avec un effet dose-dépendant,
  • l’absence de réaction croisée entre des médicaments de structure similaire.
• Les manifestations cliniques incluent une réaction de type coup de soleil, avec un érythème, un œdème, une hypersensibilité et des phlyctènes.
• Les médicaments administrés par voie générale couramment source de phototoxicité sont : les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’ibuprofène, la griséofulvine, le voriconazole, la chloroquine, la quinine, les sulfamides, les tétracyclines, l'amiodarone, le furosémide, les diurétiques thiazidiques et les psoralènes.
• Les produits topiques le plus couramment associés à la phototoxicité sont le 5-fluorouracile et les rétinoïdes (voir Tableau 1).