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Résultats du suivi renforcé de pharmacovigilance des femmes enceintes vaccinées contre la COVID-19 au Luxembourg
Le suivi systématique des femmes enceintes vaccinées contre la COVID-19 lors de la campagne nationale de vaccination ne met pas en évidence d’élément susceptible de remettre en cause la balance bénéfice-risque positive de la vaccination contre la COVID-19 pendant la grossesse.
Contexte
Les vaccins, de manière générale, assurent une forte protection contre les maladies et leurs complications, les hospitalisations et les décès. Durant la pandémie, les vaccins contre la COVID-19 ont permis de protéger les populations les plus à risque. C’est dans ce contexte de protection qu’un suivi renforcé de la vaccination des femmes enceintes a été réalisé par la Division de la pharmacie et des médicaments (DPM) de la Direction de la Santé, relevant de l'autorité du ministère de la Santé et de la Sécurité Sociale du Luxembourg.
Au Luxembourg, la vaccination contre la COVID-19 des femmes enceintes a été recommandée par le Conseil Scientifique des Maladies Infectieuses (CSMI) (Pdf, 712 Ko) en avril 2021.
En collaboration avec le Centre Régional de Pharmacovigilance de Nancy (CRPV-NY), la DPM a mis en place une cellule d’expertise constituée d’une pédiatre, le Dr Isabel De la Fuente, et d’un médecin anatomopathologiste, le Dr Didier Menzies, afin d’évaluer le lien potentiel entre la vaccination et les complications rapportées par les femmes vaccinées.
Ce suivi a couvert la période de juin 2021 à octobre 2023, avec pour objectif une analyse médicale et pharmacologique des évènements indésirables rapportés par les femmes enceintes vaccinées au cours de leur grossesse et de leur accouchement.
Il est à noter que l’ensemble des informations a été traité de façon pseudonymisée conformément aux procédures établies par la DPM.
Méthodologie
Au moment de la vaccination contre le virus, l’information sur une grossesse en cours ainsi que la date prévue de l’accouchement ont systématiquement été collectées dans le registre national de vaccination COVID-19. Sur toute la durée de l’étude, le CRPV-NY a reçu quotidiennement les informations de ce registre nécessaires à l’évaluation d’un éventuel lien de causalité avec le vaccin. L’analyse individuelle des dossiers a été réalisée conjointement et de façon hebdomadaire par le CRPV-NY et la DPM, ainsi qu’en ad-hoc avec les médecins de la cellule d’expertise, afin d’identifier des signaux de sécurité potentiels.
Par ailleurs, le CRPV-NY a contacté de manière systématique les femmes enceintes vaccinées à l’issue de leur grossesse pour s’assurer du bon déroulement de cette dernière, comme défini dans les Bonnes Pratiques de Pharmacovigilance européennes (GVP).
Résultats
A partir des données du registre national de vaccination COVID-19, 2 335 femmes enceintes vaccinées étaient éligibles au suivi. Ces femmes ont toutes été contactées selon un protocole défini.
L’analyse quantitative des retours qui en ressort est la suivante (tableau 1) :
- 476 réponses (20,4%) ;
- Dont 382 réponses (80,3%) avec absence de complication post-vaccinale durant la grossesse ou au moment de l’accouchement ;
- Et 89 réponses (18,7%) avec au moins une complication post-vaccinale durant la grossesse ou au moment de l’accouchement.
Le total des 89 réponses correspondait à 91 cas expertisés **. Les 91 cas ont été analysés par les experts pour l’évaluation du lien éventuel avec la vaccination. Un lien avec la vaccination n’a pas pu être exclu pour les 17 cas suivants :
- Six (6) cas de complications en cours de grossesse sans retentissement sur le fœtus ou le nouveau-né ;
- Cinq (5) cas de complications de la grossesse avec conséquence sur le fœtus ou le nouveau-né, notamment un cas de décollement placentaire à jour 11 après la vaccination ;
- Trois (3) cas de fausse couche spontanée (sans anomalie génétique identifiée ou recherchée) ;
- Un (1) cas d’anomalie congénitale (anomalie rénale majeure), avec toutefois un lien peu probable avec la vaccination ;
- Un (1) cas de complication isolée du nouveau-né à type de pneumothorax, mais avec une imputabilité qui reste douteuse ;
- Un (1) cas de complication post-partum à type de péricardite survenue 6 semaines après la vaccination, pour laquelle le lien de causalité avec le vaccin reste très peu probable.
** Deux cas concernant la mère sont bien distincts de l’évolution de la grossesse.
Conclusion
Ce suivi des femmes enceintes vaccinées contre la COVID-19 pendant la grossesse au Luxembourg a permis de réaliser une analyse descriptive des complications rapportées par les femmes elles-mêmes et de confirmer la bonne tolérance des vaccins contre la COVID-19 mRNA qui avaient été recommandés au vu des données internationales disponibles en avril 2021.
Le suivi en temps réel par la DPM et le CRPV-NY n’a pas conduit à la remontée d’un signal de pharmacovigilance. L’expertise externe a confirmé cette absence de signal en évaluant rétrospectivement, au cas par cas, la pertinence d’un lien entre les évènements rapportés et la vaccination. Sur les 17 cas où ce lien ne pouvait être totalement exclu, le lien de causalité avec le vaccin est resté le plus souvent très peu probable.
Compte tenu des données existantes dans la population générale et des recommandations internationales de l’OMS, les résultats du suivi des femmes au Luxembourg vaccinées contre la COVID-19 ne sont pas de nature à remettre en cause le rapport bénéfice-risque de la vaccination dans cette population.
Cet exercice montre l’importance d’un registre des personnes vaccinées, notamment à l’avenir pour la surveillance d’autres vaccins pendant la grossesse. Un suivi du vaccin contre le virus respiratoire syncytial (VRS) sur un modèle de ce type est envisagé dans le cadre des prochaines campagnes vaccinales.
La DPM adresse un grand remerciement aux médecins experts pour leur collaboration et leur analyse, ainsi qu’aux membres du CRPV pour leur suivi.
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